Trois façons de perturber les préjugés sexistes dans les STIM.
Aujourd’hui, c’est la Journée de l'Égalité des Femmes, et le thème de cette année est important : Perturber les préjugés.
En tant qu’enseignante de mathématiques et que défenseure des femmes dans les STIM avec une maîtrise en enseignement des mathématiques, je peux vous assurer que, de façon délibérée ou non, les préjugés sexistes représentent un énorme obstacle pour les femmes dans les STIM. Bien que nous ayons fait des progrès significatifs vers l’équité et l’égalité, les femmes se heurtent encore à d’innombrables obstacles lorsqu’il s’agit de recevoir un traitement juste et égal ou d’aller de l’avant, individuellement ou collectivement. Les préjugés sont un obstacle majeur lorsqu’il s’agit de combler les écarts entre les sexes dans les domaines des STIM, mais il y a une bonne nouvelle. Les préjugés peuvent être perturbés.
Malgré les progrès qui ont été réalisés, j’entends encore des gens remettre en question l’existence des préjugés sexistes : « Est-ce que les préjugés sexistes existent encore dans les STIM? Je veux dire, mon enseignante de mathématiques était une femme, et je vois des femmes scientifiques dans les actualités. » Et à cela, je veux crier haut et fort : Oui, les préjugés sexistes existent toujours dans les STIM! Grandement!
Les préjugés peuvent être aussi inconscients que de supposer que quelqu’un n’est pas intelligent à cause de son apparence ou de sa tenue vestimentaire, ou aussi conscients que de faire le choix de ne pas embaucher quelqu’un en raison de la conviction que les femmes ne sont pas aussi intelligentes ou orientées vers les STIM que les hommes. J’espère que vous levez les yeux au ciel en ce moment, mais croyez-moi, beaucoup de gens le croient vraiment. Les préjugés sexistes dans les STIM sont toujours d’actualité, mais la bonne nouvelle est que nous pouvons tous y faire quelque chose, et il n’y a pas de meilleur jour pour commencer qu’aujourd’hui.
Voici 3 façons de faire un pas vers la lutte contre les préjugés sexistes dans les STIM :
1. Connaître les faits, comprendre le problème
La première étape que vous pouvez faire pour lutter contre les préjugés sexistes dans les STIM est de vous informer sur les faits.
J’étais en vacances il y a quelques années lorsqu’un autre voyageur m’a entendu parler des préjugés sexistes dans les STIM. Il m’a interrompu pour me dire que je m’étais trompée, qu’il n’y avait pas de préjugé sexiste dans les STIM. Sa preuve? Il avait quelques amies dans des domaines liés aux sciences. C’était ça. C’était sa preuve. J’ai expliqué que j’avais une maîtrise en enseignement des mathématiques, avec une spécialisation d’étude sur l’écart entre les sexes dans les STIM, mais ça ne l’a pas convaincu. Dans mon choc et ma colère, je ne pouvais me souvenir d’aucun fait ou chiffre solide à lui lancer, et à ce jour, je pense encore à ce que j’aurais aimé lui dire.
Ce que je veux dire, c’est que ce voyageur ne connaissait aucun fait. J’aime à espérer que s’il avait entendu des informations réelles, il aurait peut-être reconsidéré sa position. Voici ce que j’aurais aimé dire :
Saviez-vous que :
- Les femmes reçoivent généralement des subventions de recherche moins importantes que leurs collègues masculins? Ou qu’environ 1/3 des chercheurs sont des femmes1 et que seulement 12 % des membres des académies nationales des sciences sont des femmes2?
- Les femmes ne représentent que 28 % de la main-d’œuvre (ressource en anglais) en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques3?
- L’ingénierie et l’informatique, deux des domaines en STIM les mieux rémunérés, restent fortement dominées par les hommes avec seulement 21 % des étudiants en ingénierie et 19 % des étudiants en informatique étant des femmes.
- Dans les domaines des STIM, les salaires annuels des hommes sont supérieurs de près de 15 000 $ par an à ceux des femmes (ressource en anglais), et les femmes latines et noires dans les STIM gagnent environ 33 000 $ de moins que tous les hommes4.
S’il y a une chose que mon expérience de voyage m’a apprise, c’est que les preuves anecdotiques (c’est-à-dire des preuves basées sur l’expérience d’un individu) sont souvent erronées et inexactes. C’est pourquoi il est essentiel que nous nous préparions avec des faits et des connaissances si nous voulons vraiment avoir un impact et mettre en œuvre des changements. Aujourd’hui, prenez un peu de temps pour rechercher quelques faits sur les préjugés sexistes qui existent dans les STIM afin d’être prêts avec les connaissances nécessaires pour démarrer une conversation ou faire une différence.
« Lorsque j’étais ingénieure d’application et que je faisais la démonstration d’un produit abrasif, on m’a demandé : « Êtes-vous assez forte pour utiliser des outils électriques? » En plus d’être impressionnés par les produits, ils étaient surpris qu’une « fille » puisse utiliser une meuleuse à angle droit pour niveler une soudure. L’accent était mis sur mon genre plutôt que sur mes capacités. »
- Judy Wong, leader mondiale de l’ingénierie des produits, Division des systèmes abrasifs de 3M
2. Dénoncez-le
Connaître nos faits et nos statistiques est la première étape, la suivante consiste à se lever et à dire quelque chose. Nous avons besoin que les gens agissent pour dénoncer les préjugés, la discrimination et les stéréotypes à chaque étape du processus. La vérité, c’est que beaucoup de gens ignorent tout simplement que les préjugés sexistes existent, et même s’ils en sont conscients, ils ne savent peut-être pas exactement à quoi cela ressemble. Alors, que pouvez-vous faire? Dénoncez-le, attirez l’attention dessus et dites clairement que ce n’est pas acceptable. Par exemple, disons que vous êtes sur votre lieu de travail et que quelqu’un fait une blague sexiste. Au lieu de lever les yeux au ciel et de passer à autre chose, prenez un moment et faites remarquer que la blague est sexiste et offensante. Demandez d’abord à la personne qui l’a dit, ou à la personne qui en a ri, pourquoi c’est drôle. J’aime cette approche, car elle génère une conversation et lorsque tout le monde se sent impliqué, il est plus probable que vous parveniez à une résolution positive. Le sexisme ordinaire est une source majeure de préjugés sexistes, et il est nuisible. Le dénoncer quand vous le voyez peut interrompre le récit et mettre en évidence la manière dont les préjugés sexistes se présentent dans notre vie quotidienne.
Dénoncer les préjugés peut également prendre la forme d’activisme ou de campagnes de sensibilisation. L’une de mes activités préférées est d’écrire aux entreprises dont les produits ou les publicités promeuvent les préjugés sexistes. Engager les gens dans une discussion respectueuse est efficace, car cela favorise le dialogue et l’ouverture plutôt qu’une interaction défensive et conflictuelle. Si vous voyez quelque chose qui promeut les préjugés sexistes, publiez à ce sujet, contactez la personne ou l’entreprise qui l’a créé, publiez un gazouillis à ce sujet, parlez-en à vos amis. Sensibiliser et entamer une conversation peut entraîner le changement que nous souhaitons voir.
3. Partagez votre histoire et faites naître une étincelle chez quelqu’un
Les champions des STIM ne se contentent pas de montrer la voie à suivre; ils contribuent à rendre le parcours possible.
L’action est l’une des principales différences entre les modèles de rôle et les champions. Quand je réfléchis à ma difficulté de croire en ma capacité à faire des mathématiques quand j’étais plus jeune, je suis infiniment reconnaissante envers mon enseignante de mathématiques de 12e année. Elle ne s’est pas contentée de se tenir devant la classe et de me montrer que les femmes peuvent faire des maths : elle a pris le temps de me guider, de me donner des ressources supplémentaires comme des problèmes d’entraînement et des concours de mathématiques pour stimuler mon intérêt, et a d’abord parlé à mes parents pour moi alors que moi-même je ne savais pas comment communiquer avec eux. Elle s’est assurée que j’ai l’occasion de découvrir mes forces en mathématiques et de développer la confiance dont j’avais besoin pour réussir.
Depuis la 12e année, je me suis fixé comme objectif d’être une championne pour les autres. Qu’il s’agisse de fournir un soutien en mathématiques à ceux qui ont besoin d’être guidés, d’écrire des lettres de recommandation pour mes étudiants, de partager mon histoire avec des étudiants et des enseignants à travers le Canada, ou de donner à de jeunes femmes d’origines diverses la possibilité de devenir tutrices pour mon entreprise, The Math Guru. Je m’efforce d’être une championne des STIM de toutes les manières possibles. Oui, je veux montrer aux étudiants du monde entier que les mathématiques nous appartiennent tous, mais je veux aussi agir pour faire de cette vision une réalité pour le plus grand nombre de personnes possible. Comment pouvez-vous partager votre histoire et faire naître une étincelle chez quelqu’un aujourd’hui?
Si vous avez une passion pour la science, l’ingénierie et la recherche de solutions aux problèmes techniques; si vous voulez travailler dans un domaine où vous pouvez réellement créer des choses que vous pouvez voir, toucher et tenir, allez-y! C’est une carrière très enrichissante qui peut être très amusante en cours de route.
-Adriana Gorgan, ingénieure chimiste, M. A. Sc
Spécialiste principale, ingénieure mondiale des produits, Division des systèmes abrasifs
Alors, voilà. Trois façons de commencer à faire avancer la lutte contre les préjugés sexistes, non seulement dans les STIM, mais aussi partout ailleurs. L’intention est une chose, mais l’action est ce qui est vraiment nécessaire pour apporter un changement percutant et durable. Nous avons tous un niveau de confort différent lorsqu’il s’agit d’être un champion des STIM et il est important de se rappeler que vous n’avez pas besoin de faire du piquetage en première ligne pour faire une différence. Prendre l’une des mesures suggérées dans cet article est un pas en faveur de la lutte pour un monde sans préjugés sexistes, alors choisissez une option qui vous parle et FONCEZ!
Bibliographie
- UNESCO – Seulement 30% des chercheurs dans le monde sont des femmes. https://fr.unesco.org/news/seulement-30-chercheurs-monde-sont-femmes-quelle-est-situation-votre-pays
- Centre de recherche pour le développement international – Les femmes dans les sciences. https://www.idrc.ca/fr/recherche-en-action/les-femmes-dans-les-sciences
- AAUW – « The STEM Gap: Women and Girls in Science, Technology, Engineering and Mathematics ». https://www.aauw.org/resources/research/the-stem-gap/
- Pew Research Center – « Women and men in STEM often at odds over workplace equity ». https://www.pewresearch.org/social-trends/2018/01/09/women-and-men-in-stem-often-at-odds-over-workplace-equity/ps_2018-01-09_stem_a-09/
Le blogue de Vanessa fait partie d’une entente de commandite rémunérée avec 3M Canada.