Skip to main content

L’origine d’Ingénieurs Noirs du Canada : Champions de diversité.

Séances virtuelles de mentorat entre ingénieurs noirs, modérées par Ingénieurs Noirs du Canada.

J’ai eu des débuts modestes. Il y a 30 ans, j’étais la seule étudiante en ingénierie de mon université au Nigéria. Il y a 20 ans, j’étais une nouvelle arrivante au Canada en difficulté, incapable de trouver un emploi.  

Aujourd’hui, je suis une ingénieure accomplie et j’ai récemment été promue au poste de directrice des établissements pour 3M Canada. Dans le cadre de cette fonction, je suis en mesure de mettre en œuvre mes compétences en ingénierie pour aider 3M à protéger ses installations et à atteindre ses objectifs de durabilité en recherchant des moyens de réduire la consommation d'énergie dans nos installations.

Cependant, le chemin de ma réussite a été jalonné de dures leçons et de discrimination en raison de mon apparence, de ma façon de parler et de mon lieu de naissance. 

Il ne s’agit pas d’une expérience isolée. Les Canadiens noirs entre 25 et 54 ans sont plus susceptibles d’avoir un diplôme universitaire (42,8 %) que les personnes n’appartenant pas à une minorité visible (33,6 %), mais ce même groupe de Canadiens noirs a un taux d’emploi inférieur (86,1 %) à celui de ses homologues n’appartenant pas à une minorité visible (91,1 %)1.   

Les Canadiens noirs sont également sous-représentés dans les postes de gestion, les hommes noirs étant 40 % moins susceptibles de travailler dans ce domaine que les hommes n’appartenant pas à une minorité visible1

C’est pourquoi j’ai cofondé Ingénieurs Noirs du Canada en août 2020, une communauté noire d’ingénieurs, de stagiaires et de professionnels de l’ingénierie au Canada, rassemblés pour favoriser le réseautage, le mentorat, la formation, les opportunités et la croissance. 

J’ai bouclé la boucle en tant que championne pour la communauté des ingénieurs noirs et j’ai l’espoir d’éduquer et d’inspirer les autres à devenir des champions de l’inclusion. 

Voici mon histoire. 

Débuts modestes 

Comme je l’ai mentionné, je suis née et j’ai grandi au Nigéria, et je suis issue d’une famille privilégiée comparée à d’autres. Ma mère était professeure de physique et de mathématiques, et mon père était un radiotechnologue qui a participé à la construction de la première station de radiodiffusion au Nigéria. Ancienne photo de Tomiwa Olukiyesi en train de travailler sur une table à dessin à l’école d’ingénierie au Nigéria.

D’aussi loin que je me souvienne, j’étais douée avec les chiffres et j’aimais résoudre les problèmes. Mes parents ont été mes premiers professeurs et mentors, et m’ont encouragé à étudier tout ce qui m’intéressait. Je n’ai pas été élevée dans l’idée que j’étais moins douée à cause de mon genre, mais quand j’ai décidé de devenir ingénieure, j’ai appris que tout le monde ne pensait pas comme ça. 

À l’université, j’étais la seule fille dans ma classe de génie mécanique et mes camarades de classe m’ont clairement fait comprendre que je n’étais pas la bienvenue. On me faisait souvent des commentaires comme « tu devrais être infirmière » ou « ta place est dans la cuisine ». Nous avions beaucoup de travaux pratiques avec des équipements lourds; mes camarades de classe portaient leurs objets lourds ensemble et me laissaient me débrouiller toute seule. Peu importe le poids de l’équipement, je le portais seule, pour prouver que j’étais à ma place.  

Rien de tout cela n’était facile émotionnellement. Je ne me suis jamais considérée comme forte, mais ma famille m’a beaucoup soutenue. J’avais des épaules sur lesquelles pleurer et des gens qui me rappelaient ce que j’avais accompli. À chaque fois que je voulais abandonner, ma famille m’a aidé à m’en sortir.  

Lorsque j’ai été embauchée à mon premier poste dans une grande entreprise mondiale, quand les gens ont appris qu’on avait embauché une ingénieure, quand j’entrais dans une réunion, on me demandait « Qu’est-ce que vous faites là? Pourquoi êtes-vous là? »  

J’ai dû faire mes preuves une fois de plus. 

Étape suivante du parcours : l’immigration au Canada 

Je me souviens être tombée sur un article de The Economist qui parlait du besoin d’immigrants qualifiés au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande. 

Mon époux et moi en avons discuté, enthousiasmés par les possibilités d’une nouvelle aventure.  

Tout allait bien jusqu’à ce que... quelques jours avant mon départ pour le Canada, mon entreprise annonce une importante restructuration. Soudain, je n’avais plus de contacts au Canada ni dans l’entreprise après avoir travaillé si fort pour atteindre le niveau de gestion intermédiaire. Je n’avais plus d’emploi qui m’attendait et mon filet de sécurité avait disparu.  

Malgré ce revers, nous avons réalisé notre rêve de venir au Canada avec deux valises, un diplôme, mes compétences et mes connaissances.  

L’expérience de nouvel arrivant n’a rien à voir avec ce qui est décrit sur les sites Web ou dans The Economist. Vous devez vous débrouiller seul pour trouver un emploi et vos qualifications étrangères ne correspondent à rien.  

J’ai téléchargé mon CV sur des sites d’emploi et pendant les deux premières semaines, mon téléphone n’a cessé de sonner. Tout le monde voulait m’embaucher. Mais une fois que je parlais au téléphone et qu’on entendant mon accent, le ton changeait.  

On me demandait : « L’usine où vous avez travaillé se trouve à Hamilton? » 

Je répondais : « Non, elle était au Nigéria. » 

Leur attitude changeait immédiatement et je savais que l’entrevue était terminée.  

Je ne convenais pas. Je n’avais pas « l’expérience canadienne ». C’était déprimant. J’ai même essayé de « canadienniser » mon nom, en le raccourcissant d’Iretomiwa à Tomi, mais en fin de compte ce n’était pas mon nom qui comptait : c’était mon apparence, ma façon de parler et mes origines.  

Il m’a fallu quatre ans... quatre ans... avant de trouver un employeur qui était prêt à me donner ma chance. J’ai été embauchée par 3M Canada en octobre 2005 comme superviseure de l’ingénierie dans l’un de nos établissements de fabrication. 

C’est la dure réalité pour de nombreux immigrants qualifiés : il y a beaucoup de préjugés inconscients dans le processus d’embauche. Les gens veulent jouer la sécurité et s’en tenir à ce qui les met à l’aise : quelqu’un qui leur ressemble et qui parle comme eux.  

Je me suis rendue compte par la suite que de nombreuses offres d’emploi pour les postes d’ingénieur ne parvenaient jamais sur les sites d’offres d’emploi : elles sont cachées et réservées aux personnes qui sont familières. 

Comme je n’étais pas « familière », j’étais exclue des réseaux sociaux et professionnels où de nombreuses personnes trouvent des contacts et des opportunités. En tant que mentor de jeunes immigrants noirs et même de Canadiens noirs nés ici, je me rends compte que les choses n’ont pas beaucoup changé au cours des 20 dernières années.  

Bâtir une communauté grâce à Ingénieurs Noirs du Canada 

Le besoin de mentorat dans la communauté noire est important.   Séances virtuelles de mentorat entre trois ingénieurs noirs, modérées par Ingénieurs Noirs du Canada.

Il est courant pour les diplômés noirs de voir leurs homologues tout aussi qualifiés obtenir des emplois, alors qu’ils luttent pour obtenir des opportunités. Les immigrants noirs au Canada sont plus susceptibles de voir leurs diplômes d’ingénieur acquis à l’étranger ne pas être reconnus par les employeurs potentiels, ce qui entraîne une surqualification2

Ceux qui ont la chance d’obtenir un emploi sont souvent confrontés à la discrimination sur leur lieu de travail. Leur santé mentale en souffre et certains d’entre eux abandonnent leurs études ou quittent la profession avant d’avoir réussi. 

C’est pourquoi, en 2020, j’ai participé au lancement de l’association Ingénieurs Noirs du Canada. Cette communauté vise à mettre en relation ceux qui aspirent ou travaillent à obtenir un diplôme ou un titre d’ingénieur au Canada. Ils bénéficient d’un mentorat pour les aider à relever les défis de l’école, de la recherche d’emploi, du réseautage et à surmonter les obstacles sur leur lieu de travail. 

En 2021, les efforts d’organisations telles que Black North Initiative et Ingénieurs Noirs du Canada commencent à porter leurs fruits. Les entreprises semblent prendre des mesures pour favoriser l’inclusion et de nombreux employeurs recherchent désormais à créer une diversité raciale. Malgré cela, nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir. 

«J’ai déménagé au Canada en 2020 et j’ai eu du mal à trouver un emploi et à comprendre le système de travail professionnel canadien. J’ai découvert Ingénieurs Noirs du Canada sur LinkedIn et j’ai immédiatement adhéré. On m’a présenté Rick, mon mentor, qui a été d’un grand soutien pour m’aider à obtenir mon premier emploi parmi deux nouvelles offres que j’ai dû départager.» 

- Innocent Azamosa, bénévole, Ingénieurs Noirs du Canada 

« Mon mentor Rick m’a aidé à passer en revue mon CV et ma lettre de présentation, a réalisé des simulations d’entretiens et m’a soutenu dans mes demandes d’emploi. Quelques semaines plus tard, j’ai obtenu mon premier emploi au Canada. Rick est resté un ami et m’a beaucoup soutenu. Je suis maintenant coordinatrice de programme pour Ingénieurs Noirs du Canada, ce qui m’aide à améliorer mes compétences en matière de réseautage et de planification. » 

- Sola Omotoye, PMP, bénévole, Ingénieurs Noirs du Canada 

Nous fournissons ce réseau de soutien essentiel en mettant en relation les talents noirs avec un mentor à qui ils peuvent parler, qui peut les guider, les conseiller et leur apporter un soutien émotionnel.   

En 2021, nous avons pu mettre en relation 25 mentors et 75 mentorés, et nous avons organisé trois événements. L’année prochaine, nous espérons doubler le nombre d’événements et atteindre 60 mentors; mais cela demande beaucoup de travail. C’est un projet qui nous passionne. La plupart d’entre nous sommes des bénévoles, nous travaillons pour soutenir notre communauté en dehors de nos emplois à plein temps.  

Nos activités se font à partir de notre profil LinkedIn. Nous devons continuer à développer notre présence en ligne : avec un site web, plus de bénévoles et des fonds pour mettre en place des cours et des événements d’accompagnement professionnel. Ce dont nous avons vraiment besoin, c’est d’un soutien supplémentaire. 

« Les employés de 3M apportent des talents et des compétences uniques à leurs rôles et souvent, les organismes sans but lucratif de nos communautés ont besoin de cette expertise. C’est pourquoi 3M soutient les occasions de bénévolat axées sur les compétences afin de permettre aux employés de partager leur expertise professionnelle et leur passion pour aider à encourager les personnes de nos communautés. » 

- Mark Shannon, responsable des relations humaines et de l’inclusion, 3M Canada  

Devenir champions sur le chemin vers l’inclusion au Canada  

Nous sommes tous ensemble sur la voie du changement.  

Je suis fière de l’engagement de 3M à écouter et à comprendre les problèmes liés à l’égalité d’accès à l’éducation des STIM. 

En offrant une plateforme à des personnes comme moi et à des organismes comme Ingénieurs Noirs du Canada, nous pouvons amplifier notre voix et nous assurer davantage d’alliés et de champions de l’égalité dans l’enseignement des STIM. 

Je vous invite à devenir notre allié et à vous joindre à nous. 

 

Bibliographie : 

Statistique Canada – Aperçu de l'expérience des Canadiens noirs sur le marché du travail pendant la pandémie: https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/210224/dq210224b-fra.htm 

La Compagnie 3M n’est pas affiliée à Ingénieurs Noirs du Canada. Tomiwa est une employée de 3M. Son rôle auprès d’Ingénieurs Noirs du Canada est indépendant de son rôle chez 3M.  

À propos de l’auteur

[enBio=Tomiwa Olukiyesi FEC. P.Eng. has over 30 years experience in engineering and supply chain management with a degree in Mechanical Engineering and a master’s degree from the University of Toronto. Tomiwa joined 3M Canada in 2005, and has held various roles including Senior Engineer, Engineering Supervisor, and Outsourced Manufacturing Leader. In January 2022, Tomiwa became the Facilities Manager for 3M Canada. She has served as a volunteer with the Association of Professional Engineers of Ontario, and in 2020, helped co-found the Black Engineers of Canada.],[enJob=Facilities Manager, 3M Canada, Co-founding Executive Director, Black Engineers of Canada],[frBio=Tomiwa Olukiyesi FEC, ing., possède plus de 30 ans d’expérience en ingénierie et en gestion de la chaîne d’approvisionnement. Elle est titulaire d’un diplôme en génie mécanique et d’une maîtrise de l’Université de Toronto. Tomiwa a rejoint 3M Canada en 2005 et a occupé divers rôles, notamment celui d’ingénieure principale, de superviseure de l’ingénierie et de leader de la fabrication externalisée. En janvier 2022, Tomiwa est devenue directrice des établissements de 3M Canada. Elle a été bénévole auprès de l’Ordre des ingénieurs de l’Ontario et elle a aidé à cofonder l’organisme Ingénieurs Noirs du Canada en 2020. ],[frJob=Directrice des établissements, 3M Canada, Directrice générale co-fondatrice d’Ingénieurs Noirs du Canada]

Profile Photo of Tomiwa Olukiyesi FEC. P.Eng.
De modèles de rôle à des champions.