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La sensibilisation : clé de la prévention des plaies de lit.

Sarah Isakson avec son beau-père, Jon.

À l’âge de 85 ans, mon beau-père Jon, veuf et administrateur en chef scolaire à la retraite, passait régulièrement ses mardis à jouer au bingo et ses jeudis à jouer au poker dans son appartement pour aînés. Jon et Ralph, son voisin qui restait dans le même corridor, aimaient passer leur temps à débattre des politiques et des sports en prenant leur diner quotidien ensemble dans la salle à manger communautaire. Jon terminait généralement chaque journée sur son balcon avec un cigare. Il se déplaçait dans le voisinage dans son scooter ornementé de plaques d’immatriculation personnalisées avec ses initiales : « J. Lo ».

Toutefois, les problèmes de santé de Jon ont graduellement commencé à perturber sa routine. Son diabète de longue date a causé une neuropathie périphérique, limitant ainsi sa capacité de sentir ses pieds. Des problèmes cardiaques ont fait en sorte qu’il soit difficile de dormir à plat, alors il a dû commencer à passer la nuit dans son fauteuil inclinable. Ses jambes se sont enflées en raison d’une insuffisance veineuse et la maladie artérielle périphérique lui a causé de la douleur aux jambes, ce qui a limité sa capacité de marcher. Étant donné qu’il devenait de plus en plus faible et qu’il avait fait plusieurs chutes dans son appartement, Jon a été admis dans un établissement de soins de courte durée pour une évaluation.

Pendant son séjour subséquent de rétablissement, il est devenu évident que Jon avait besoin de plus de soutien que son appartement pouvait lui offrir. Il a déménagé dans une résidence, où il a vécu des difficultés. Non seulement était-il difficile pour Jon de simplement sortir du lit, il ne pouvait même pas s’asseoir confortablement dans sa chaise. Il ne se sentait pas assez bien pour profiter de la physiothérapie et, en fin de compte, il s’ennuyait de son ancienne demeure. Nos appels interurbains, d’abord encourageants puis inquiets, devenaient de plus en plus fréquents. Moins de 10 jours plus tard, Jon a été admis à l’hôpital de nouveau en raison de cellulite dans la partie inférieure de la jambe causée par une plaie/ulcère de lit de stade 4 sur sa malléole latérale gauche. En raison de ses complexités médicales, de sa maladie artérielle périphérique et de la lipodermatosclérose causée par son œdème veineux chronique, il n’était pas possible de sauver le membre. Il a subi une amputation au-dessus du genou, passant d’une vie indépendante à une amputation en seulement 30 jours.

Les plaies de lit acquises chez soi peuvent être plus courantes.

Malheureusement, ce type de situation est bien trop commun. Le terme « plaie de lit d’origine communautaire » se réfère aux plaies de lit qui se développent pendant que le patient est chez soi, recevant ou nécessitant peu de soins au quotidien. La recherche sur ces types de plaies de lit passe souvent au recul par rapport aux plaies de lit nosocomiales. 

Toutefois, des recherches portant sur la prévalence des plaies de lit déjà présentes lors de l’admission à un établissement de soins de courte durée ont démontré que les taux de celles-ci sont beaucoup plus élevés que ceux des plaies de lit nosocomiales. Une étude rétrospective récente a démontré que sur une période de 3 ans, une moyenne de 6,5 % des patients admis dans un centre médical universitaire important souffraient d’une plaie de lit d’origine communautaire, tandis qu’une moyenne de 1,09 % des patients ont acquis une plaie de lit nosocomiale au cours de la même période1. La majorité de ces patients étaient admis à l'hôpital de leur foyer (70,4 %), par rapport aux établissements de soins infirmiers spécialisés (29,6 %).

La prévention par la sensibilisation et l’évaluation.

Les réalités des plaies de lit d’origine communautaire subsisteront tant que notre population aînée continue de « vieillir chez soi » 2. Étant donné que la majorité des plaies de lit sont d’origine communautaire, il faut plus de sensibilisation et d’éducation sur l’importance des évaluations de la peau, des évaluations des risques de plaies de lit et d’une intervention rapide. Il faut également inclure les fournisseurs de soins à domicile, les principaux fournisseurs de soins ainsi que les patients ou les membres de famille dans cet effort.

De plus amples recherches sont nécessaires afin de déterminer si les plaies de lit acquises chez soi et les plaies de lit nosocomiales présentent différents facteurs de risque. Des recherches continues sont également nécessaires quant à la mise en place de stratégies de prévention hors du contexte des soins de courte durée.

Certaines questions à se poser :

  • A-t-on besoin d’un outil d’évaluation des risques particuliers pour les plaies de lit d’origine communautaire?
  • Devrait-on effectuer une évaluation totale de la peau lors des rendez-vous de soins de santé primaires pour les patients que l’on détermine être à risque élevé?
  • Comment peut-on souligner l’importance des stratégies de prévention de base aux particuliers de la communauté et à leurs fournisseurs de soins?
  • Peut-on mettre en place des services de soins de santé à domicile avec un accent sur l’évaluation de la peau, l’éducation et des stratégies de prévention pour les patients à risque élevé avant qu’une plaie ne se développe?
  • Comment peut-on aborder les interventions de prévention des plaies de lit dans un plan de soins le moment qu’un patient quitte un établissement de soins de courte durée?

De plus amples recherches abordant ces questions pourraient nous aider à déterminer comment mieux prévenir les plaies de lit d’origine communautaire pour que les patients n’aient pas à subir de sérieuses complications. Pour ceux qui prennent soin de personnes âgées, il est important de comprendre la nature essentielle des évaluations et des interventions dans la prévention et les soins. 

Qu’est-ce qu’on aurait pu faire pour changer le sort de Jon? Est-ce qu’une intervention précoce aurait changé la donne? Peut-être. À titre de fournisseurs de soins de santé, nous pouvons en apprendre de cette histoire. En apprendre davantage sur les solutions relatives aux plaies de lit en consultant notre page de renseignements sur les solutions relatives aux plaies de lit.

Bibliographie :
1. Kirkland-Kyhn H., Teleten O., Joseph R., Shank J., « The origin of present-on-admission pressure ulcers/injuries among patients admitted from the community: results of a retrospective study. » Wound Mgmt Prev., vol. 65, no 7 (juill. 2019), pp. 24 à 29.42. Corbett LQ., Funk M., Fortunato G., O'Sullivan DM.,  « Pressure injury in a community population:  A descriptive study. » J Wound Ostomy Continence Nurs.  vol. 44, no 3 (mai/juin 2017), pp. 221 à 227

À propos de l’auteur

[enBio=Sarah is a certified geriatric nurse practitioner and wound, ostomy, and continence nurse (CWOCN). Most of Sarah’s career has focused on the management of acute and chronic wounds and she has practiced in this specialty in acute care, long-term acute care, and outpatient clinic settings. Sarah joined 3M’s Medical Solutions Division six years ago and is currently a member of the Wound Care Clinical Specialist team.],[enJob=APRN, CNP, CWOCN, 3M Wound Care Specialist],[frBio=Sarah est une infirmière praticienne spécialisée gériatrique et une infirmière spécialisée dans les plaies, les stomies et la continence. La majeure partie de sa carrière a été consacrée à la gestion des plaies aiguës et chroniques et elle a exercé cette spécialité dans des établissements de soins de courte durée, soins de courte durée à long terme et en clinique externe. Sarah a rejoint la Division des solutions médicales de 3M il y a six ans et est présentement membre de l’équipe de spécialistes cliniques sur les soins des plaies.],[frJob=Infirmière autorisée exerçante à un niveau avancé, IPS, infirmière spécialisée dans les plaies, les stomies et la continence, spécialiste en soins des plaies 3M]

Profile Photo of Sarah Isakson